carl & emma

Il est là, a côté de moi. Allongé de tout son long, je l'entends bien, qui respire trop fort. Oui, je l'entends. Ici, ce n'est pas chez moi. Enfin je suppose. La pièce est claire, les rideaux tirés, pourtant je le sais bien, que dehors il fait jour. Alors sur le sol, j'attrape mes affaires éparpillées sur le sol. Je ne reste jamais. Avant que ces types dont je ne connais que le prénom ne se réveillent, je disparaît, je m'envole, et je suppose que ça vaut mieux comme ça. Sur le sol, j'attrape mes vêtements. C'est souvent comme ça, le soir après le travail, je sors, je rencontre un type qui dit des jolies choses, des jolies mots. Et le lendemain matin, je sors de chez lui en prenant soin de ne pas le réveille. « Tu pars ? » Il est là, assit sur les draps alors que j'essaye d'enfiler mon jean en équilibre sur un pied. Je n'ai jamais été habile, surtout pour ça. M'expliquer je veux dire. Dire aux gens pourquoi je m'en vais. Des choses pas vraiment importantes. Alors mon regard, il se plante sur lui, se pose sur ses grands yeux a lui. Vert. J'aime pas le vert. Ou alors peut être que si, je sais plus. Là, pas loin, j'attrape mes chaussures a une main, et m'approche de lui en laissant se dessiner un sourire sur mes lèvres. Les hommes aiment les sourires. Alors j'embrasse distraitement le coin de ses lèvres, fais demi tour, lui murmure que je le rappellerai, et puis je disparaît. Il ne remarqua surement pas, que non, je n'avais pas eu la curiosité de lui demander sur numéro. Je ne le lui ferrais pas remarquer. Alors pieds nus dans les escaliers de l'immeuble, je m'empresse de descendre les marches en courant. Parce qu'il faudra que je repasse a l'appartement avant d'aller travailler. Oui, juste pour me changer, ou quelque chose comme ça. Je n'ai jamais vraiment aimé les réveils en terres inconnues. Oui, me laver. Et puis changer de tee shirt. Alors je cours. Je cours jusqu'à débarquer chez moi. Ma maison, mon chez moi. La pièce que je me paye avec le peu d'argent que je gagne, et qu'il m'arrive de partager avec ma mère. Une mère a tendance envahissante. Mais voilà, quand ma main s'accroche a la poignée, y a comme quelque chose qui bloque. Merde ! Je le savais ! C'est pas la première fois, que les clés je les oubliés a l'intérieur. Et a chaque fois, je me dis que non, plus jamais je ne resterais enfermé hors de chez moi. Regardez le résultat. Alors téléphone dans une main, mes chaussures restées dans l'autre, me voilà debout au milieu du trottoir, face aux regards intrigués des passants. Je vivrais leur dire d'aller se faire voir, mais le bip de la messagerie de Carl retentit. Quel idiot ! Pourquoi est ce qu'il ne répond jamais hein ? Lui, le seul a posséder le fameux double des clés capable de me sauver la vie. Oui, la vie ! Alors je raccroche. Par chance, ses bureaux a monsieur Rosengart, ils ne sont pas très loin de chez moi. Ou alors peut être que si, mais tant pis. C'est pas comme si j'allais resté comme ça, hors de mon chez moi !

« Carl Rosengart je vous dis ! Mais non, je n'ai pas de rendez vous ! Mais oui, il est d'accord je vous dis ! » « Arrêtez tout de suite ou j'appelle la police ! » La suite, je ne l'entends. Mes chaussures, elles restent là, en plan sur le bureau de la secrétaire qui pendant quelques minutes m'a répété que non, je ne pouvais pas rentrer sans rendez vous, qu'elle allait appeler la sécurité, que je ne devais pas rester ici. Qu'elle aille se faire voir. Alors pieds nus dans les marches de leur belle et grande société, je grimpe les marches aussi vite que je peux. Parce que j'ignore où il se trouve, je sais seulement l'étage auquel il travail. Du moins je crois. Et puis, y a cette porte là bas, porte que je m'empresse d'ouvrir. Parce que derrière, là bas, y a la secrétaire qui me hurle de m'arrêter. Oui oui, je m'arrêterais, mais seulement quand j'aurais trouver mon Carl. Alors la porte se referme, et je me retourne. Là, face a moi, y a tout un tas d'hommes et de femmes tout en noir. Oui, tous habillés de la même manière, et moi, je fais tache au milieu de tout ça. Avec mes pieds nus, mes vêtements colorés et mes cheveux détachés. Mince. Et puis, ils me regardent tous, avec leurs yeux immenses, comme si mon entrée était quelque chose de totalement surprenant. Moi je ne comprends pas. Et puis, mon regard, il tombe sur lui, le garçon assit en bout de table, celui dont je connais si bien le regard, et puis le sourire aussi. Seulement il sourit pas. Hé mais Carl, souris ! Alors au milieu du « u » formé par les tables, je m'avance en adressant des sourires aux hommes en noir. « Carl, il faut absolument que tu viennes m'aider ! Je rentrais chez moi et là bam, je me suis rendue compte que j'avais oublié les clés a l'intérieur ! A l'intérieur, tu te rends compte Carl ? Du coup je me suis dis que tu pourrais m'ai... » La porte, elle s'ouvre a nouveau, mais cette fois, c'est la secrétaire qui débarque, l'air désolé. Alors curieuse, j'incline la tête. La pauvre. « Je suis désolée monsieur Rosengart, je l'avais pourtant prévenue... »

Carl venait de se lever, il était pas loin de sept heures, encore à la bourre. Il se leva tranquillement, quitte à être en retard, autant ne pas se presser sinon il allait se stresser et ça serait pire que tout. Le jeune homme traversa l'appartement pour aller à l'autre chambre, il ouvrit la porte, sa colocataire, Sonia dormait elle aussi, il s'approcha tout doucement, prit un coussin et le balança sur la tête de la pauvre jeune femme tout en lançant un « debout feignasse », puis, il se dirigea directement dans la salle de bain sous les cris de l'oeil de Berlin. Après une bonne douche bien chaude, le jeune homme alla dans la cuisine, avala un petit gâteau et une grande tasse de café. Il consulta ensuite son agenda, merde, il avait une réunion dans moins de vingt minutes, il se dépêcha donc de finir de se préparer, brossage des dents, enfilage de chaussures et hop, c'est parti pour le travail. Une fois sur les lieux, Carl salua la secrétaire qui se trouvait à l'accueil et monta les marches quatre par quatre, plus que cinq minutes avant d'être réellement en retard, il croisa le regard de Timeo lui annonçant que les patrons étaient déjà là pour la réunion. Et merde, mauvaise impression dès le début de la semaine, ça n'allait pas le faire ça. Il entra donc dans la grande pièce où les tables étaient rangées en « u », tout ce qu'il détestait, à la vue de tout le monde. Le jeune Rosengart s'excusa pour ce léger retard, il n'avait pas vu que Léna, sa mentor et Michael, le grand chef étaient là. Une fois de plus, il s'excusa puis s'assit à sa place habituelle, il allait devoir se faire petit pendant la réunion car il s'était déjà assez fait remarqué comme ça.
La réunion venait réellement de commencer, la secrétaire de l'accueil venait de faire son apparition avec des cafés, elle adressa un énorme sourire à Michael, quel tombeur celui là, toutes les femmes l'adorait. Carl de son côté ne pouvait pas le supporter, le côté macho, mec qui plaît à tout le monde car il est partout ou qu'il a du fric, il n'aimait vraiment pas ça. Pour sa part, il lui était tout de même reconnaissant car c'était ce « macho men » qui lui avait fait passé son entretien d'embauche donc il avait dû lui faire bonne impression vu qu'il était maintenant sous-directeur de communication.
D'ailleurs, parlons en de la communication, c'était le sujet de cette réunion. Léna venait de prendre la parole, Carl quand à lui commençait à partir dans ses réflexions personnelles du genre : il y a une tache sur le mur, la porte est mal lavée, les fenêtres sont sales, les femmes sont en minorités dans cette réunion, Léna est ravissante aujourd'hui. Puis vint la question fatidique : « Et vous monsieur Rosengart, vous en pensez quoi ? ». Foutu, il était foutu, il n'avait pas vraiment suivi le fil de la réunion mais son regard fut attiré sur le rétroprojecteur qui montrait les nouvelles enseignes de publicité qui avaient été faites par Carl lui même. Il regarda monsieur Stuggart en souriant.
« Vous comprendrez bien monsieur Struggart que ces affiches me plaisent. Je suis à l'origine des idées mais cependant, je ne suis pas totalement satisfait, je me dis qu'il manque quelque chose mais j'arrive pas à trouver quoi. Peut être que vous pourriez m'aider à trouver. »
C'est bon Carl, pas trop vantard, tu demandes de l'aide, c'est parfait. Regardant toujours Michael, le jeune homme lui adressa un sourire avant de poser son regard sur Léna et de lui sourire à son tour. Cette femme l'a toujours soutenu dans ses idées, elle a toujours été là pour lui, c'est sa formatrice avec qui il a passé beaucoup de temps et qui lui a permis d'arriver au poste auquel il est aujourd'hui. Tout en écoutant les paroles de son patron, Carl sentit que son portable vibrait dans sa poche, il toucha la touche qu'il connaissait par coeur pour que l'appelant se retrouve directement sur sa messagerie. Qui est ce que ça pouvait être, Sonia ? Emma ? Il n'en savait rien mais il aurait été étonné que ce soit Sonia étant donné qu'elle l'avait suivi de peu sur le lieu de travail. Emma alors ? Mais pourtant elle travaillait aujourd'hui, il verrait bien à la fin de la réunion. Se reconcentrant sur les paroles de monsieur Stuggart, des pas se firent entendre dans le couloir, bizarre, la secrétaire n'avait pas besoin de revenir de sitôt, qui ça pouvait bien être, l'étage était réservé en quelque sorte à la réunion de ce matin. La porte s'ouvrit avec un grand bruit alors que Michael continuait de présider sa réunion. Et merde, niveau discrétion ce matin, c'était loupé pour Carl, il avait trouvé l'auteur de son appel, Emma. Elle se tenait là, dans l'encadrement de la porte, plus ravissante que jamais même avec ses cheveux mal coiffés et ses vêtements tous colorés. Les mots arrivèrent quelques secondes plus tard, le jeune Rosengart sentit les regards se tourner vers lui, ses joues devaient avoir pris un teint rouge maintenant. Il avala sa salive avant de se lever et de voir apparaître la secrétaire d'un air totalement affolé lui jurant qu'elle avait essayé de l'arrêter. Carl se leva donc, regarda monsieur Stuggart d'un air tout à fait désolé.

« Désolé monsieur Stuggart, j'en ai pas pour longtemps. » « Monsieur Rosengart, je pense que nous aurons des choses à nous dire suite à cette réunion... »

Et là, un regard plus qu'inquiet pouvait se lire sur le visage de Carl, il s'approcha d'Emma, l'entraîna dehors avec lui et referma la porte. Il dit à la secrétaire qu'elle pouvait y aller. Un petit bisou sur la joue de la ravissante Emma et il la regarda tout en souriant.

« Tes clés sont dans mon bureau, suis moi. Tu vas bien sinon ? »

Le jeune Rosengart avait énormément de mal à se calmer, non seulement à cause des paroles de son patron mais aussi par rapport à la venue d'Emma, où avait-elle dormi si elle avait oublié les clés à l'intérieur de chez elle. Une fois dans son bureau, il expliqua relativement vite la situation à Timeo et alla chercher les clés.